De l’impossibilité de disparaître

Galerie d’art du Cégep de Jonquière
Exposition du 8 janvier au 9 février 2018
Vernissage le 18 janvier 2018, 16 h


Habité par la possibilité de remettre le connu en perspective, le présent corpus d’œuvres propose un dialogue entre la quête du merveilleux, les manifestations de la disparition et la beauté tragique. Par diverses stratégies, Mariane Tremblay cherche à capter ou à provoquer le surnaturel dans l’ordinaire pour engager un processus de réenchantement.

De l’impossibilité de disparaître est une affirmation contradictoire qui interroge l’immuabilité, voire l’absurdité de la vie : tout disparaît ultimement, mais si rien ne se perd, rien ne se crée et tout se transforme, comment est-il possible de ne pas disparaître? Avec le passage du matériel à l’immatériel que suggère ce titre, un dialogue entre le céleste et le terrestre a pris forme à travers les diverses pièces de l’exposition.

Photos : Gabriel Fortin

Avec la fuite graduelle des oiseaux des villes qui peut être constaté par leur chant de plus en plus rare, l’idée de disparition s’est manifestée à travers celles de camouflage et de présence qui « brille de son absence ». Des nichoirs-miroir en forme de grange, dont le trou est adapté pour le geai bleu1, et d’église, pour le merle2, se fondent et disparaissent dans la nature comme ces bâtisses qui s’effacent aujourd’hui du paysage et de notre patrimoine. Invisibles aux yeux des oiseaux qui ont l’habitude de foncer dans le reflet des fenêtres, les cabanes-miroir deviennent des abris potentiellement menaçants pour eux où il est question d’être fasciné par son reflet ou de le combattre. Tout un jeu de présence et d’absence s’est mis en branle entre l’artiste et les oiseaux pour arriver à capter un monde grouillant de vie animale qui à première vue semblait quiet. Contrairement à la croyance populaire, les chants d’oiseaux en sont de guerre, de survie et de délimitation du territoire. La vidéo De l’impossibilité de disparaître est construite de manière à nous faire pénétrer dans une forêt que l’on découvre plutôt comme le territoire des oiseaux, que l’on entend avant de voir, où la notion de présence est remise en perspective.

1 En raison d’une trahison envers le Christ alors qu’il souffrait sur sa croix, le Geai bleu serait considéré comme le messager du diable, son espion sur la Terre. On ne verrait donc jamais de geai bleu le vendredi, occupé à transporter des brindilles en enfer pour alimenter ses feux.

2 Le Merle d’Amérique, que les premiers colons auraient confondu avec leur rouge-gorge, se rapporte à la légende de ce dernier. Oiseau modeste au plumage sans artifice, aurait aperçu du haut des airs le Christ crucifié sur sa croix. Il aurait essuyé ses larmes avec ses ailes et aurait arraché avec son bec les épines piquées dans son front. La goutte de sang qui aurait tombé sur sa gorge aurait coloré ses plumes.

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