Les veilleuses (collection) – 2017

Les veilleuses, 2016

Douze impressions latex sur papier Bond / Photographies prises entre Alma et Saguenay

Captées sur le vif par hasard ou sujets d’entretiens avec leur propriétaire, toutes ces statues ont été au fil des années témoin de petites et grandes choses du quotidien. Souvent installées pour qu’elles protègent et veillent, elles deviennent presque des objets intouchables que personne n’ose déplacer et auxquels on donne généralement du soin. Ce sont des objets de mémoire.

Bien que ces statues de l’Immaculée Conception soient indissociables de l’iconographie religieuse, chacune référant à un événement saint en particulier, elles ont plutôt été ici le prétexte à établir un contact avec de possibles témoins d’une apparition. Sans nécessairement faire référence à des événements de cette envergure, tous les témoignages reçus étaient empreints d’un grand respect pour l’icône lorsque ce n’était pas d’un grand amour pour elle.

Chaque expérience de rencontre a pu contribuer à mettre en évidence des liens symboliques et formels entre les matériaux du corpus, renvoyant surtout au contexte du logis. Statues qui semblent transpirer, neige blanche, événements de combustion et éclairages dans le noir : des dualités inattendues (eau/feu, jour/nuit) ont ceinturé les diverses études de ce corpus.


Les veilleuses

Corpus d’œuvres présenté dans l’exposition de groupe du Projet de mentorat du centre de production TouTTouT au Centre des arts et de la culture de Chicoutimi, du 27 janvier au 24 février 2017

« En passant beaucoup de temps sur la route, des obsessions se développent peu à peu pour des observations récurrentes : des niches de dévotion sur certains terrains privés ont ainsi attiré mon œil. Ce sont des statues de la Vierge Marie dans des bains, grottes miniatures et petits habitacles personnalisés de tout genre, éclairés ou non, qui souvent sont mis bien en évidence à proximité des maisons ou en retrait dans les arrière-cours.

Jeune, intriguée par une de ces statues devant une maison, on m’a expliqué qu’elle avait été installée par la dame suite à une apparition mystique de Marie. Une apparition… Qualifiée d’hallucination même par les plus croyants, comment une perception aussi inexplicable peut-elle influencer une vie entière? Restée sur cette idée, j’ai entrepris de rencontrer les raisons pouvant pousser quelqu’un à « afficher ses couleurs » et à ériger un espace religieux aussi assumé et visible à la maison. Ce phénomène de culte a été le point de départ d’une série de rencontres avec des gens qui en ont construit, installé ou hérité, qui s’est révélée être une riche cueillette de matière première composée de témoignages, de photographies et de coïncidences.

Au-delà du dogme religieux, le projet Les veilleuses s’intéresse à la mystique, aux délires et aux apparitions, à leur côté poétique et étrange. Que reste-il des objets de culte, qu’émettent-ils aujourd’hui? En me réappropriant ce type de statues saintes, parfois laissées à l’abandon comme les débris d’une culture en déclin, parfois bien protégées contre l’hiver comme la réaffirmation d’une foi inébranlable, j’ai entrevu à travers ce sujet encore difficile d’approche, la légitimité de ma démarche : aller vers l’autre. Bien que je n’aie pas rencontré de témoin oculaire d’un tel type d’apparition, on m’a généreusement offert des récits de miracles, phénomènes extraordinaires et hasards merveilleux qui ont donné lieu à ce corpus d’œuvres. »

© tous droits réservés, mariane tremblay, 2017