Capteurs de foudre et La dernière vision – 2016

Crédit photos : Gabriel Fortin

Capteurs de foudre, 2016

Métal et fil de cuivre

Anciennement utilisé pour attirer la foudre, un paratonnerre était muni d’une boule en verre, qui, en plus d’être ornementale, avait une fonction d’indicateur visuel. Son explosion sous le coup d’une décharge de foudre agissait comme signal d’inspecter le système électrique du bâtiment. Bien que son nom indique l’assurance d’une forme de sécurité contre le tonnerre, l’objet est plutôt un capteur qui présente une dangerosité apparente et a aujourd’hui une utilité désuète, puisque rien ne garantit que l’éclair tombera à l’endroit précis de sa pointe.

Cependant placés sur les plus hauts sommets de bâtiments, les paratonnerres apparaissent symboliquement comme les capteurs sensibles d’une activité céleste en devenant témoins de manifestations du merveilleux. Composée de deux capteurs pointés l’un envers l’autre dans un cycle électrique continu par un fil de mise à la terre, l’installation joue sur la crainte collective de l’orage, soulève l’idée du risque à travers la protection et crée une barrière invisible à traverser ou non.

Crédit photos : Gabriel Fortin

La dernière vision, 2016

Impression numérique sur Textured Fine Art Epson et clou

Récemment mise en ligne par Google Street View, cette photographie d’archive virtuelle  montre la grange familiale de l’artiste dans une phase de dématérialisation. Construit des mains de ses ancêtres Tremblay, le bâtiment délabré a été progressivement déconstruit par les propriétaires actuels pour s’effacer littéralement du paysage. Malgré une valeur familiale et patrimoniale, sa perte a été un événement négligeable aux yeux de tous et il ne reste aujourd’hui de cette grange que quelques artefacts perdus dans les herbes hautes, débris de bardeaux de cèdre et clous. Au Rang 3 à Saint-Eugène-d’Argentenay mystérieusement renommé « Rue de la Croix » par le service de navigation virtuelle, Google Street View a brillamment capté cette configuration parfaite et spontanée entre le regard témoin d’un oiseau, la grange devenue symbole de l’estompement plutôt fracassant d’une époque vers une autre, ainsi qu’une lumière presque divine en surplomb.


Œuvres présentées dans l’exposition Témoin oculaire au Centre Bang en 2016.

© tous droits réservés, mariane tremblay, 2016